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Une décennie haute en couleurs !


Le orange psychédélique des années 1970
Papier peint des années 1970


Le mouvement hippie a vu le jour dans les années 1960 aux États-Unis, avant de se propager en Europe et dans le reste du monde. Il y aurait beaucoup à dire sur l’origine et les conséquences de ce mouvement. Pour l’écriture de L’Ombre de Mathilde, j’ai puisé dans mes propres souvenirs les images et les couleurs que ce mouvement avait fait naître dans notre quotidien.

En effet, dans les années 1970, la société de mon enfance est passée du noir et blanc à la couleur ! Du point de vue technologique, en tout cas, c’est à cette époque que sont sortis les premières photos et les premiers téléviseurs couleur.

Exit les couleurs tristes du passé ! La couleur orange a déferlé dans notre vie ! Oui, celle du mouvement hippie, celle qui invite à la stimulation des sens. Normal, le orange est le secteur le plus chaud du cercle chromatique. Il représente le feu purificateur, la chaleur, la passion. Le orange est aussi la couleur sacrée dans l’hindouisme, nouvelle religion pour les Occidentaux, qui se libèrent des vieilles croyances. Et donc forcément, on associe le orange à la joie, l’insouciance et l’optimisme. C’est la couleur du peps, en quelque sorte, celle qui réveille les esprits, dynamite les usages d’une société paternaliste et patriarcale.

Dans le domaine du design, de la décoration intérieure, le phénomène est tout à fait exceptionnel. Dans nos intérieurs, le orange prédomine. Sur les murs comme sur le mobilier, jusqu’au téléphone.

La période hippie a vu également se répandre l’usage des psychotropes. Résultat : des illustrations psychédéliques des fleurs. Des fleurs partout sur nos murs (le papier peint de cette photo existait bel et bien !). Des grosses, des petites, réparties de façon géométrique ou en explosion. De quoi rendre dingue ! Je ne sais pas comment on a pu aimer et supporter ces illustrations. Le orange est souvent associé au caca d’oie. Il faut bien dire qu’avec les années et la fumée des cigarettes, le tout est devenu franchement hideux.

On a vu naître aussi la mode des posters, sorte de tableaux bon marché qu’on pouvait afficher au mur. Ils reproduisaient les clichés de grands photographes comme David Hamilton (très en vogue, mais pointé du doigt aujourd’hui) avec ses femmes enfants ; beaucoup ont fait la part belle aux couchers de soleil (encore du orange !).

À l’extérieur, c’est également l’explosion des couleurs. Les voitures sombres n’existent plus. Les formes et les couleurs sont extrêmement variées. Mon père, qui était carrossier (tiens, cela nous rappelle quelque chose ! Clin d’œil à ceux qui auront lu L’Ombre de Mathilde), avait repeint sa dauphine en violet, comme les quetsches. Le rouge, le vert, le bleu ou le orange coloraient nos routes. Parfois, après la messe du dimanche (oui, on avait aboli pas mal de choses, mais pas encore la messe du dimanche), mon frère et moi achetions une voiture miniature de la marque Majorette, reproduction à l’identique des voitures en circulation à l’époque. Autant dire que les voitures ressemblaient à nos jouets (ou l’inverse…).

Du point de vue musical, cette période voit naître les groupes mythiques internationaux. On aime la couleur, on aime aussi les décibels et la provocation ! Dans le même temps, j’écoute les groupes folkloriques bretons, le disco envahit les plateaux télé où les boules à facettes se mêlent aux strasses et les paillettes. Quel méli-mélo !

Le cinéma n’est pas en reste. Après les films franchouillards (qu’on adorait) joués par Bourvil, Fernandel ou Gabin, place aux dialogues qui décapent, de Michel Audiard, puis à une flopée de films faisant se croiser et s’unir (les scènes d’amour étaient annoncées par le carré blanc, mais les films sans carré blanc en comportaient aussi !) les femmes nues et des types pas toujours virils ! Le cinéma français est avant tout comique, déjanté, bourré d’antihéros !

Le théâtre de boulevard côtoie des humoristes qui s’autorisent tout avec le sourire. Sur un ton décomplexé et incisif, on pouvait dire des choses qui seraient totalement inaudibles aujourd’hui. 

Brefs, décennie 1970 : No limits !

Étions-nous heureux pour autant ? Certes, après la Seconde Guerre et sa lente reconstruction, les Français semblaient souffler et enfin vivre pleinement. Durant la décennie, ils traverseront pourtant deux chocs pétroliers et composeront avec une inflation à deux chiffres… Pour moi, ces années restent celles de mon enfance, et j’en garde un très bon souvenir !

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